Billet 14_ LA SURVEILLANCE ÉLECTRONIQUE : ÉTHIQUE OU PAS?

 

 

Dans un cadre général, toute décision concernant la mise en place d’un système de surveillance informatique ou autre, soulève un problème de nature éthique car, elle porte atteinte au droit des libertés individuelles. Cependant, la plupart des acteurs de telles décisions se défendent en affirmant qu’il s’agit d’une affaire de sécurité pure et simple.

 

Pr définition, l’éthique fait référence aux principes du bien et du mal que les individus, agissant comme agents moraux libres, utilisent pour faire des choix afin de guider leurs comportements, (Laudon et Laudon, 2018, p. 154).

Pour les gestionnaires, c’est toujours difficile de se retrouver dans une situation de dilemme éthique, mais quand il s’agit de la sécurité des données sensibles et/ou de la réputation et la pérennité des affaires de la compagnie, une décision en faveur des intérêts de la compagnie prime souvent sur les individus. Cependant, un employeur ou gestionnaire responsable, a le droit légalement, de surveiller la façon dont les employés utilisent les équipements informatiques ainsi qu'internet.  Toutefois, cette vérification ne doit en aucun cas être arbitraire, non fondé ou discriminatoire.  Elle devrait strictement être basée sur des motivations purement professionnels. Il est tout à fait compréhensible que les employeurs s’attendent à un certain rendement de la part de leurs employés durant les heures de travail et, pour encourager la productivité, il est nécessaire de limiter les distractions, qui aujourd’hui, proviennent essentiellement de l’usage abusif de l’internet pour des raisons personnels.

Il est également important de préciser, qu’en réalité, ce n’est pas le système de surveillance en lui-même qui soulève un problème d'éthique, c’est plutôt le pourquoi et le comment de sa mise en œuvre qui pourrait devenir problématique. L’employeur et l’employé ont tous deux des droits et obligations envers la compagnie, l’employeur ou le directeur est responsable de la sécurité des données et la qualité des livrables de son département et donc s’il a des arguments et preuves tangibles qu’il est nécessaire d’instaurer un système de surveillance il a légalement le droit de le faire. Cependant, pour éviter des conflits et ainsi rester dans un contexte éthique, il devra demeurer transparent sur ses motivations, en expliquant par exemple, que l’objectif est d’éviter la surcharge inutile des ressources réseaux afin d’éviter des lenteurs et/ou encourager les employés à être plus productifs, ou éviter les connexions sur des sites qui pourraient compromettre la sécurité des données. Ces arguments seront mieux accueillis par les employés qui n’auront pas le sentiment qu’on voudrait porter atteinte à leurs libertés.

 Il est clair qu’aujourd’hui, toute compagnie possédant un réseau informatique a d’une façon ou d’une autre une forme de surveillance électronique. Peu importe la complexité de son réseau, dans la pratique, les connexions externes passent systématiquement par un pare-feu et un serveur qui gèrent les accès internet et enregistrent les connexions entrantes et sortantes où on pourrait scruter sans encombre toutes les activités des employés. Maintenant la question d’éthique repose sur : à quelle fréquence on le fait et jusqu’à quel point pourrait-on aller. Le développement des systèmes d’informations d’aujourd’hui ainsi que le volume important des informations contenues et facilement accessibles sur le web, a bouleversé nos comportements et nos manières de faire. Les compagnies ont besoin de ses systèmes et informations pour demeurer compétitives, mais elles sont conscientes également que ces mêmes systèmes, si utilisés de façon abusive, malintentionné ou inadéquate pourrait compromettre leurs pérennités même. Elles n’ont donc pas le choix d’agir en conséquence en instaurant des balises et une réglementation afin de limiter les impacts négatifs. Afin de demeurer dans un contexte éthique, la pratique de l’employeur doit cependant être balisée et l’entreprise doit démontrer qu’elle a des motifs réels et sérieux de le faire, que son but est légitime et que la mesure de surveillance mise en place est nécessaire.  L’employeur doit aussi établir que le moyen choisi est raisonnable et qu’il porte le moins possible atteinte à la vie privée de l’employé.

 

Sources :

 

Management Information systems, Managing the digital firm, Kenneth C. Laudon; Jane P. Laudon, Global 15th Edition, 2018, Pearson.

 https://www.duntonrainville.com/droit-du-travail-emploi-et-immigration/surveillance-internet-travail

 https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/les-eclaireurs/segments/chronique/35669/surveillance-electronique-travail-employes-patron-droit-camera

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